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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 03:28

12 mars 2012. Mi tchè mwen.

 

Cliquer sur le lien ( link ci dessous )  en lisant l'article...

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P1100645.JPG 

" Tu as vu, Philippe, quand je me suis avancée sur l'avant de la scène, plissant les paupières pour éviter la lumière du projecteur, concentrée quand même sur mon texte, te cherchant dans la foule. Oui, toi.

 

mwen ka santi'w vraiman tout pré tou pré diposédé
sa ki caché o fon zié mwen
 
E mwen téja sintin mwen pa té ké séré'y lontan
lè dé bwa lamou'w sézi mwen

 

Je ne sais pas pourquoi, mais je savais que tu viendrais. Une certitude étrange. Un préssentiment. Une rencontre obligatoire, après toutes ces années.

 

kares' ou toujou ka ravajé mwen
mé gadé pa owa tché mwen sé la ki ni pis déga
lombraj' ou ka trankilisé mwen
o lésé mwen avoué an ti priyè mwen gadé pou'w

 

La route pour venir de Jacmel, la foule, la pluie ne te feraient pas peur. Tu viendrais.Tu serais là.

Et je  les  sentis tout de suite, ta présence, ton regard qui me fixait sans arrêt.

Tes mains devaient trembler un peu.

 

ouh mi tchè mwen
ah pou séré'y ben mwen
ouh doudou mi tchè mwen

 

J'avais cette conviction totale que tu viendrais ce soir, comme au Sébastopol à Lille, où tu étais au premier rang. Il y a au moins vingt cinq ans.

Comme à Conflans, dans cette salle un peu miteuse.

 

mi
mi tché mwen
 
mi
pou sérè'y ban mwen mi
mi
ah mi tchè mwen
mi pou tchimbé'y ban mwen

 

Comme, tu t'en souviens aussi, en plein air aux arènes de Cimiez, à Nice. Un soir d'été sur la Rivièra. La foule, là aussi. Et l'odeur des merguez et des pissaladières.

 

minm' si ou divini pres' bon dié pou mwen
on sel priyé mwen rété ba'w
mi tchè mwen
tchimbé'y tchimbé'y tchimbé'y tchimbé'y
avan lannuit vin' jété rido'y la vini pou mwen pa barè'y la
mi tché mwen tchimbé'ytchimbé'y tchimbé'y
séré'y tchimbé'y séré'y séré'y
ouh mi tché mwen
pou géri'w ban mwen

 

 

Mon meilleur souvenir, et j'en parle encore aux autres, c'était au Zénith. A Paris.

Cela devait être en 1985. La même chanson, les mêmes mots. Une foule énorme. Cinq ou six mille personnes qui venaient de zouker en coeur sur la musique de Jacob et de Georges. Patrick avait été bon, ce soir-là. Il nous manque, lui, tu sais.

 

ah mi tché mwen 
pou tchimbé'y ban mwen
minm' si ou divini pres' bon dié pou mwen
on sel priyé mwen rété ba'w
mi tchè mwen
tchimbé'y tchimbé'y tchimbé'y tchimbé'y
avan lannuit vin' jété rido'y la vini pou mwen pa garé la
tchimbé'ytchimbé'y tchimbé'y
séré'y tchimbé'y séré'y séré'y

 

Je me souviens exactement du moment, du couplet de cette chanson, quand je me suis avancée sur le devant de l'immense scène du Zénith.

 

Lentement, j'ai levé les yeux, j'ai murmuré mon texte, bouche collée au micro, et je t'ai regardé, longtemps et intensément. Tu n'as pas baissé les yeux, moi non plus.

 

mi tché mwen

lè mwen ka santi chalè présans' ou la
 
lé a pé contiié touné touné

 

Oui, le temps pouvait passer, je sentais cette chaleur, ce sentiment si fort. Tu me regardais, perdu au milieu de la nuit, dans cette salle que nous avions embrasée, cuivres et danseuses, guitares et claviers en pleine apogée.

 

J'en parlais souvent aux autres, de cette minute intense, de ce moment magique, de ton regard si profond. 

Ils ne m'ont jamais crue. Jean Claude se moquait de moi, en me traitant un peu de folle qui avait cru voir un regard éperdu de bonheur au milieu d'une foule, dans les travées du Zenith, perdu dans le noir. Je sais que tes filles en riaient aussi quand tu leur racontais. Mêmetout à l'heure, Josette ne te croyais pas.

 

 

Alors, ce soir, je t'ai tout de suite cherché dans la foule. Le jardin du Karibé permet une grande  proximité. La pleine lune de mars, la fameuse,  éclairait les tables.

Juste à quelques mêtres de la scène, je t'ai repéré  très vite, mais j'ai fait comme si je ne t'avais pas vu.

 

Il y avait une force, une joie dans cette soirée. La joie d'être là, dans un  Port au Prince, apaisé,  et tu sais comme j'aime ce pays.

Ils ont adoré les bo-bo locaux quand j'ai chanté " Yo". Comme s'ils connaissaient la misère dont parle cette chanson !

Une joie si intense de chanter avec Emeline Michel les textes si purs et si puissants de Toto Bissainthe.

Emeline est une diva. Je souriais en l'entendant. Elle dégage une telle force, un tel pouvoir un peu magique.

 

mi tché mwen

mi tchè mwen
mitchè mwen pou tchimbé'y ban mwen séré'y pijé'y
mi tché mwen

avan lannuit vin' jété rido'y la vini pou mwen pa garé woyyyy'

mi tché mwen

 

Ce soir, tu as vu, j'ai refait le coup du Zénith, avancée sur le bord de la scène, et j'ai planté mon regard dans le tien, sans bouger, sans reculer. Tu as tenu l'échange, toi aussi.

 

mi tché mwen

 

 

J'ai eu un peu peur de te voir disparaître avec la pluie.

Deux heures d'interruption. Mais j'ai insisté pour finir le concert. Emeline, la pauvre , avait froid.

 

Et au retour, juste après les trombes et l'orage, j'ai vu avec plaisir que tu étais resté là, assis avec ton regard ému et troublé, au milieu de la nuit.

 

Alors, si tu es d'accord, si tu veux bien, j'aimerais qu'on fasse une photo ensemble, pour le souvenir, pour immortaliser ces moments magiques.

Je voudrais te tenir la main, juste un peu.

 

Pouvoir te dire comme je suis heureuse d'avoir enfin pu te rencontrer, te remercier d'être resté après le spectacle pour attendre la sortie de scène, la foule des autographeurs.

Tu es resté, et j'en suis émue, et je te dis encore merci.

 

Je voudrais te revoir, croiser ta route à nouveau.

 

Si tu veux, je t'attends, je te donnerai un pass VIP pour les loges du prochain spectacle.

Je serai avec  Kassav le 23 avril au stade Ntional de Cidadel, à Luanda. "

 

(Texte de la chanson de Jocelyne Bérouard en filigrane: Mi tchè mouin.)

(Paroles de ce blog : libre interprétation des quelques mots et regards échangés  avec Jocelyne Bérouard en fin du spectacle, le 10 mars, à Port au Prince)

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commentaires

M
J'adore...
Répondre
P
<br /> <br /> hé hé !!!<br /> <br /> <br /> <br />
F
Jocelyne Bérouard à PORT AU PRINCE c'est magnifique, il me semble qu'elle s'y rend assez souvent non ?<br /> <br /> Marie
Répondre
P
<br /> <br /> je ne sais pas si elle vient souvent. C'est la première fois que je la vois ici. Evidemment, je ne manquerai aucune autre visite. <br /> <br /> <br /> <br />

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