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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 02:58

Les  Guédé . 1er novembre 2010.

 

P1030650.JPG

Tapisserie en perles; Baron Samedi un des Guédé.

Art : LAFLEUR. Courtoisie : Hôtel FLORIA.


Le jour des défunts. C’est ce qui figure sur le calendrier au 2 novembre.

Et l’image qui me vient est une journée sombre et triste, une pluie grise, un vent glacial, des feuilles mortes plein les caniveaux.

 

Un temps de Toussaint.

 

Pour cette année, j’avais prévenu : je vais voir les cérémonies pour les Guédés.

J’avais mis la définition  des Guédé sur «  En attendant Tomas » , mais en deux mots, ce sont les génies de la mort. Ils sont comme les autres loas du panthéon Vaudou, mais leur domaine particulier, c’est La Mort.

 

Depuis  plusieurs jours j’ai donc annoncé que j’irai me mêler aux festivités.

 

M’pral nan gede.

 

Et j’avais lancé l ‘annonce au groupe des «  Femmes décidées de Difou », avec qui nous avions programmé une réunion aujourd’hui. ( Et oui, il y en a même qui travaillent les jours fériés.)

 

Je vais donner le sens de ces festivités : c’est un extrait du livre très connu d’ALFRED METRAUX : « Le Vaudou Haïtien », Gallimard, écrit en 1958.

 

«  De nombreux Guédé s’abattent, à l’époque de la Toussaint, sur les villes et les campagnes . Leurs possédés vont jusqu’à s’exhiber en plein midi dans les rues et au marché. Le seul aspect des Guédé suffit à susciter l’effroi en raison des visions funèbres qu’ils évoquent, mais, par leur cynisme, leur jovialité et leurs grivoiseries, ils tempèrent la peur et la vague d’angoisse qu’ils provoquent. Leur venue est toujours accueillie avec joie par l’assistance…. »

 

En pleine réunion un peu soporifique avec les dames de Difou, dont l’objet était la rédaction des statuts de l’Association, nous mettions au point les règles de fonctionnement jusqu’alors inexistantes, quand une musique est apparue au loin, puis s’est rapprochée.

Nous avons continué, mais secoués un peu par le rythme de plus en plus proche.

J’ai commencé aussi à frétiller de gauche à droite sur ma chaise.

Puis elles m’ont dit, voyais que je ne tenais pas trop en place : « vas-y, vas voir ! »

 

Donc me voilà parti pour voir passer une des groupes de musique qui avançait sur le chemin tout proche, en route vers le site sacré ( Saint Christophe, et son rocher magique, et un peu plus loin, Sainte Catherine.)

 

Première alerte, et je suis revenu terminer les statuts avec elle.

 

Puis, après la réunion, Ghislaine, secrétaire active, m’a proposé discrètement de me mener au site sacré pour y voir les Guédé de plus près.

 

Elle avait noté que je voulais y aller …

 

 

Donc, et j’espère que mes responsables parisiens ne me lisent pas, me voilà parti à enfreindre toutes les règles de sécurité : m’éloigner vers l’intérieur , dans une sorte de forêt dense, me mêler à la foule, m’approcher au cœur même du mouvement, à deux jours d’un cyclone annoncé.

L’ambiance était dense, la foule serrée et déjà un peu imprégnée de rhum, de clairin et des mélanges étranges vendus par les marchandes. La musique très prenante.

Et déjà plusieurs manifestations de «  possession ». Des femmes , des hommes, dans un état second, secoués de mouvements clairement incontrôlés, et parlant des langues étranges. Ou alors exprimant des vulgarités que même Doudouche n’a pas voulu me traduire.

Mes quelques années de créole m’ont cependant permis de comprendre la plus grande partie de ces grossièretés.

 

Je pensais être un peu un intrus.

Mais, non, un accueil pacifique m’a été réservé, et je me suis vite retrouvé au milieu du mouvement, apostrophé par les Guédé,  et les personnes qu’ils habitaient.

C’est fort, impressionnant, mais très amusant en même temps. Et ce n’était rien : la nuit allait tomber, et la fête ne faisait que commencer.

 

Après un bon moment, retour quand même vers JACMEL pour assister à une fête des Guédé  plus spectacle et plus touristique dans la galerie de peinture derrière le Florita.

 

Cette Toussaint a donc été festive, joyeuse, frétillante  et gaie. Et aussi tellement ensoleillée.

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